Parfois le silence est tellement tout

Parfois le silence est tellement tout

qu’on imagine la vie avant le langage

et un fond de poussière

en dedans de nous

le même fond gris

qui ralentit le trait

et nous fige dans cette masse

ce sentiment d’être

de vivre porté par un mouvement

d’oubli

qui sort par notre bouche

 

Il y a par moments

tant de brutalité

à s’affirmer vivante

vivante et s’exerçant à être

vivante et s’exerçant à demeurer

un îlot chargé de destin

dans ces lentes coulées

tu places un à un

les objets

tu les trouves dans ta langue

tu les prends pour te saisir des images

des traits

et faire de ta rêverie

l’instrument du monde

Référence bibliographique

Louise Warren, « Parfois le silence est tellement tout », La Lumière, l’Arbre, le Trait, L'Hexagone, 2001.

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